Sommaire
- Introduction
- Sources
- Première partie
- Jacques de Saint Pardoux : une vie, des voyages, des écrits
- Chapitre premier
- Formation et première vie : la douceur de vivre ?
- Chapitre II
- De la révolution à la retraite : itinéraire d’un artilleur indécis
- Deuxième partie
- Une vie au prisme de l’écrit : la plume de Saint Pardoux
- Chapitre premier
- L’esprit et la main
- Chapitre II
- Le goût de l’archive : la mise en mémoire et le tri de l’écrit
- Chapitre III
- De la langue à la plume : lexiques en regard
- Annexes
- Planches
- Pièces justificatives
- Illustrations et annexes complémentaires
Introduction
Le propos de cette thèse consiste en l’étude d’un corpus important relatif à Jacques de Saint Pardoux (1753-1814), officier d’artillerie issu d’une famille languedocienne. À l’origine axé sur une étude biographique au service de l’édition de son journal de voyage aux Indes (1781-1784), le projet a évolué vers une biographie substantielle de ce personnage aux nombreux travaux et à la carrière bien remplie. Néanmoins, pour des questions de temps, la biographie n’a pu être menée jusqu’au terme de la vie de Saint Pardoux ; il a été décidé de ne couvrir que la période de carrière militaire (1753-1797) et de réaliser la fin de l’étude biographique dans le cadre d’un doctorat en préparation à l’École des chartes.
Outre l’étude du personnage et de son parcours, les recherches se sont concentrées sur la question de ses écrits personnels, le fonds conservé se prêtant à une étude globale et systématique d’écrits nombreux et de nature variée. L’examen de ces écrits privés a permis d’éclairer l’évolution intellectuelle de cet acteur du second xviiie siècle qui traverse la fin de l’Ancien Régime puis la Révolution et l’Empire. L’édition, en annexe, de nombreux textes personnels ainsi que de documents graphiques de sa main vient à l’appui de ces travaux et souligne la diversité des réalisations de cet homme qui n’a jamais déposé la plume durant toute sa vie, à titre personnel ou professionnel, que ce soit en tant que militaire de carrière, père de famille, contribuable, conseiller d’arrondissement ou maire.
Sources
Le parcours de Jacques de Saint Pardoux a pu être reconstitué surtout à partir des documents conservés dans le fonds d’archives du château de Pennautier, déposé aux archives départementales de l’Aude en 2008. L’inventaire réalisé par ce service a permis d’accéder immédiatement au cœur du sujet et de reconnaître l’importance de la documentation relative à ce personnage. Coté 124 J, le fonds est consultable sur autorisation de ses propriétaires, Miren et Nicolas de Lorgeril ; il a été complété par l’étude du contenu de la bibliothèque du château de Pennautier, qui a relativement peu évolué depuis le début du xixe siècle.
Ce fonds important, qui a nourri l’essentiel de la réflexion engagée sur ce personnage et son rapport à l’écrit, s’est révélé très riche d’enseignements par son organisation bien particulière, qui est en grande partie due à Saint Pardoux lui-même. Outre le contenu, c’est donc à l’organisation de ces papiers personnels parvenus jusqu’à nous presque intacts que cette étude s’est intéressée, en s’aidant ponctuellement de documents restés au château de Pennautier ou d’archives identifiées dans d’autres collections publiques et relatives aux divers sujets sur lesquels l’intéressé s’est penché au cours de sa vie.
Première partie
Jacques de Saint Pardoux : une vie, des voyages, des écrits
Chapitre premier
Formation et première vie : la douceur de vivre ?
Le parcours de Jacques de Saint Pardoux est celui d’un gentilhomme de province issu d’une famille méridionale. Né à Riom en 1753, il se trouve rapidement envoyé par son père, possessionné en Auvergne et en Languedoc, au collège de Sorèze, afin de se préparer à une carrière militaire. Ce passage par Sorèze se révèle particulièrement important pour la suite de son parcours, les enseignements novateurs des mauristes semblant avoir marqué durablement son esprit. Son intérêt pour les sciences, les langues, la musique et la cartographie sont autant de constantes de son parcours, qui trouvent pour la plupart leur origine dans ces enseignements ouverts et novateurs reçus à Sorèze, alors que l’établissement n’est pas encore un collège royal militaire, ce qu’il deviendra en 1776.
Cadet de famille, Saint Pardoux opte pour l’artillerie, où la promotion est alors considérée comme plus facile pour une personne qui ne saurait compter sur le surcroît de privilèges apporté par l’aînesse à l’aristocratie (son frère aîné est, pour sa part, entré dans la cavalerie). C’est du reste l’arme dans laquelle l’importance des sciences est la plus grande, et pour laquelle les enseignements et la formation sont les plus exigeants. Arme technique, l’artillerie se révélera pour Saint Pardoux une arme de prédilection, au-delà du choix pragmatique qu’il a fait à son entrée dans les rangs.
Élève à l’école de Bapaume durant le premier semestre de l’année 1769, il est élevé au rang de lieutenant du régiment de Besançon et envoyé à Strasbourg (1770) puis à Grenoble (1776), à La Fère (1778) et en Bretagne (1780). Au cours de ces années, jeune officier, il ne perd jamais de vue certains sujets, qu’ils soient philosophiques, historiques ou littéraires, ébauchant nombre d’œuvres parvenues inachevées jusqu’à nous. En 1778, il entreprend avec son frère un voyage de découverte en Italie dont il rapporte souvenirs et expériences enrichissantes, ainsi qu’un journal de voyage bien documenté. En 1781, il fait partie du contingent destiné à accompagner le comte de Bussy dans son expédition indienne et quitte Brest durant l’hiver, faisant route via Le Cap et les Mascareignes pour atteindre la côte de Coromandel en mars 1783, après une traversée pénible et meurtrière. L’escadre du bailli de Suffren les ayant précédés, ce contingent ne mènera qu’un combat contre les Anglais, à Gondelour en juin 1783, avant que l’annonce de la paix conclue en janvier ne lui parvienne. Au cours du voyage, Saint Pardoux consacre une partie de son temps à rédiger un journal et à rassembler documentation et textes relatifs aux endroits découverts, qu’il reprendra à son retour pour établir le journal dont l’édition a été réalisée en annexe à ce travail.
Rentré des Indes en avril 1784 avec un brevet de capitaine gagné sur le champ de bataille, Saint Pardoux est affecté à la manufacture d’armes de Saint-Étienne, à laquelle il reste attaché jusqu’à l’été 1788. C’est en tant que capitaine de sapeurs d’un bataillon stationné à Douai que Saint Pardoux, envoyé à Paris pour assurer le maintien de l’ordre, vit les troubles de juillet 1789. À Versailles le 14 juillet, il assiste à une journée comme les autres alors que l’effervescence est à son comble à Paris. De retour à Douai à la fin du mois, il reste stationné dans le Nord jusqu’à la fin de son affectation.
Chapitre II
De la révolution à la retraite : itinéraire d’un artilleur indécis
Saint Pardoux reste donc affecté dans le Nord durant une partie de la Révolution. Alors qu’il est en poste à Dunkerque, il reçoit en septembre 1792 l’ordre de partir en Hollande pour une mission de contrôle d’armes commandées par la Couronne. Commence alors une période très dense de sa vie, grâce à cette mission dont un instant il se croit néanmoins spolié par un revers de fortune. Parti malgré tout, il se trouve donc à l’étranger quand la République est proclamée, ayant rejoint La Haye début octobre. Après quelques mois et un contrordre enfin arrivé, il décide de rallier non pas son régiment mais l’état-major de l’armée de Belgique, auprès duquel il réussit à se faire appeler.
Au service du général Dumouriez, Saint Pardoux se trouve chargé de mener les manœuvres de l’artillerie, alors que l’armée républicaine recule face à l’offensive coalisée lancée au début du mois de mars. Au cours de ces semaines, Saint Pardoux est le spectateur privilégié des manœuvres politiques de Dumouriez vers les deux parties en présence, et le suit dans sa tentative de conciliation qui se retourne finalement contre lui. Compromis comme Dumouriez et son entourage, Saint Pardoux est envoyé avec le général Valence au congrès d’Anvers, projeté pour apporter une médiation au conflit, mais qui finalement n’a pas lieu. Une nouvelle fois derrière les lignes ennemies, Saint Pardoux décide de se constituer prisonnier, ne se résignant ni à l’émigration ni au retour en France, où il craint quelque dénonciation.
Détenu prisonnier à Bruxelles puis à Cologne, où il jouit d’une relative liberté, Saint Pardoux voit sa situation se dégrader avec l’avancée des troupes françaises et est envoyé en captivité à Budapest durant l’été 1794. Il y reste un an, avant que lui soit signifiée sa libération, effective en septembre 1795. De retour à Strasbourg puis à Paris, il est affecté en tant que chef de bataillon à l’arsenal de Toulouse, ce qui le rapproche de ses racines familiales. Suite au décès de son frère sans descendance, Saint Pardoux est amené à prendre le relais dans la gestion de ses responsabilités et de ses propriétés. Il épouse en 1796 la veuve de son frère et opte pour un changement de vie définitif : il quitte l’armée moins d’un an plus tard pour revêtir le rôle de notable du nouveau régime qui se met alors en place.
Deuxième partie
Une vie au prisme de l’écrit : la plume de Saint Pardoux
Chapitre premier
L’esprit et la main
Des sujets « d’époque ». — Formé dans l’esprit des Lumières, Saint Pardoux en est un fidèle représentant, s’intéressant à des sujets très divers. Amateur de voyages et de découvertes, dont il témoigne dans ses carnets de voyages et de campagnes (Italie, Indes, France, Belgique, Angleterre, Hongrie), il mène dans ces journaux ou dans d’autres écrits plus ou moins conséquents des réflexions sur l’histoire et sa philosophie, les sciences humaines, la littérature ou encore la musique. Sa passion précoce pour les jardins et les sciences naturelles se traduit par de nombreuses réflexions sur l’agronomie à la fin de sa vie.
Les spéculations de la plume. — Menant des réflexions sur des sujets philosophiques en vogue, Saint Pardoux ne manque pas non plus de s’interroger sur la réforme de l’État et les formes de gouvernement, dans une perspective nourrie par ses découvertes et par l’histoire des peuples, dont les Lumières étaient friandes. De même, il se penche sur son arme d’emploi, l’artillerie, et, en sa qualité d’officier inspecteur aux manufactures d’armes de Saint-Étienne pendant près de cinq ans (1784-1788), mène une vaste entreprise de compilation de planches et de réflexions personnelles ou ayant trait à un perfectionnement des techniques, dans l’optique de constituer une encyclopédie ; celle-ci ne verra pas le jour mais les travaux préparatoires nous en sont parvenus.
L’écriture dessinée. — Formé très jeune au dessin et ayant reçu un enseignement poussé en matière de relevés à Bapaume, Saint Pardoux dresse des plans dès ses jeunes années, que ce soit pour des réalisations personnelles (châteaux de Pennautier et de Mezel) ou professionnelles (cartes de batailles ou de villes et dessins de fortifications). Souvent tracés avec soin et rehaussés de gouache, ces travaux témoignent de son attention au territoire et du soin apporté à un rendu fidèle de celui-ci, qui est aussi caractéristique de l’esprit encyclopédique du siècle. De même, lors de ses voyages, Saint Pardoux réalise des aquarelles et des dessins paysagers plus ou moins aboutis, dont un certain nombre nous sont parvenus (Le Cap, Hongrie, Auvergne, département de l’Aude, etc.), témoignant de sa maîtrise de cette technique et de son attachement à conserver une trace des territoires découverts.
Chapitre II
Le goût de l’archive : la mise en mémoire et le tri de l’écrit
Il faut que tout change pour que rien ne change. — Rentré en France après sa captivité en Hongrie, Saint Pardoux retrouve le service alors qu’un nouveau régime se met en place, dont les contours se dessinent petit à petit. Le Directoire favorisant un retour au calme à l’intérieur des frontières, une nouvelle ère s’ouvre pour les notables du régime, auxquels Saint Pardoux ne tarde pas à s’intégrer. En effet, suite au décès de son frère aîné, il investit ses possessions et le remplace dans son rôle de propriétaire foncier dont la fortune a traversé les épreuves sans trop de dommages.
Le travail de tri des archives. — À son nouveau statut, Saint Pardoux choisit de joindre une nouvelle posture, qui se traduit par une évolution de ses écrits : il mène une activité intense de classement et d’organisation de ses papiers personnels, parfois en complétant ou amendant des écrits antérieurs, témoignant là d’une prise de distance par rapport aux événements vécus et décrits une première fois sans recul. Certains documents se détachent du corpus, notamment les correspondances, sur lesquelles il mène un travail de classement thématique, et les livrets de comptes, qui révèlent un quotidien négligé dans les récits de campagnes et de voyages. Ces textes se distinguent parfois par leur énonciation, attestant une posture variable et une volonté plus ou moins affirmée selon les cas de mettre en avant l’implication personnelle de l’auteur en tant qu’acteur et témoin.
Histoire et hagiographie. — Cette entreprise de Saint Pardoux concernant ses archives personnelles se traduit aussi matériellement par la composition de livrets et de cahiers tantôt thématiques, tantôt liés à son intérêt pour certains sujets : on trouve ainsi des réflexions anciennes ne l’intéressant plus qui sont reliées ensemble quoique n’ayant pas de rapport entre elles. Inversement, des documents plus récents et sur lesquels il mène ou compte encore mener une réflexion nous sont parvenus non reliés, ou au contraire rassemblés dans des cahiers thématiques. Ces rassemblements thématiques participent d’une vaste entreprise de sélection et de rangement de la part de l’auteur, dans un mouvement de passage de la mémoire aux Mémoires. Cette nouvelle posture traduit un changement de perspective et de conscience de soi et de sa famille chez Saint Pardoux. Ce point est illustré de manière très évidente par deux entreprises menées de front avec la constitution d’une mémoire personnelle bien ordonnée : très visible localement par sa surface sociale et son implication dans la politique départementale, Saint Pardoux s’attache à donner une nouvelle vigueur à sa famille en cherchant à s’agréger au corps des membres de la Légion d’honneur et à la noblesse d’Empire, soutien du régime qui se met en place.
Chapitre III
De la langue à la plume : lexiques en regard
Deux textes semblables, deux contextes différents ? — Auteur de nombreux récits de voyages, Saint Pardoux a, durant deux séjours hors de France, été confronté à une langue étrangère qu’il lui a fallu s’approprier un minimum. Deux documents en sont issus, dont nous conservons heureusement la trace, l’un intégré dans le journal de voyage aux Indes – qui est l’ouvrage le plus accompli de Saint Pardoux –, l’autre parmi des papiers restés au château de Pennautier. La Grammaire indienne composée par Saint Pardoux pour son apprentissage de l’hindoustani en dit long sur son ambition de s’approprier cette langue, en se limitant cependant à un registre usuel. Son effort pour maîtriser la calligraphie persane est néanmoins remarquable. La confrontation de ce recueil avec le Vocabulaire hongrois rédigé lors de sa captivité à Budapest permet de voir quelle pouvait être, chez le même Saint Pardoux, l’approche d’une langue qui l’a sans doute moins passionné et dont il a, de fait, sûrement eu moins besoin. En tout état de cause, le vocabulaire est strictement utilitaire, du quotidien le plus matériel aux poncifs d’apprentissage d’une langue (nombres, mois, saisons, bases de la communication, etc.).
Les enseignements des textes. — La nature très particulière et a priori contrainte de ces textes n’empêche pas de pouvoir en déduire certaines caractéristiques du rapport de Saint Pardoux à l’écrit, surtout concernant la Grammaire indienne, qui est la plus développée et se trouve en outre intégrée à un plus ample document dont l’édition critique en annexe a permis de comprendre et de mettre en évidence l’architecture. Ces textes ont en effet une place centrale dans le lien entre oral et écrit et se trouvent donc à la charnière pour comprendre le processus de déploiement de l’écrit. Néanmoins, ils ne se placent ni l’un ni l’autre dans une perspective plus générale de réflexion ou d’apprentissage de la langue concernée, contrairement à des exemples contemporains de voyageurs indianistes. L’intérêt de ces textes que tout oppose sauf leur sujet est en outre de témoigner que, lors de la réorganisation de ses papiers, Saint Pardoux leur accorde une valeur similaire en les conservant l’un comme l’autre.
Annexes
Voyage militaire de Jacques de Saint Pardoux aux Grandes Indes. — L’édition critique de ce document a consisté en la restitution fidèle du manuscrit définitif rédigé sous les auspices de Saint Pardoux lui-même, d’après un manuscrit préparatoire de sa main qui nous est parvenu aussi. Elle a permis de mettre en avant la structure du document (récits, descriptions, comptes rendus de campagnes, Grammaire indienne), ses emprunts à d’autres auteurs (Raynal, Sonnerat, Prévost, Holwell), ses éléments originaux ainsi que les remarques postérieures qui n’ont pas été intégrées à la version définitive du journal, éditées en notes. Une confrontation de ces récits avec les journaux de bord de Suffren et de Bussy a été menée et s’est montrée riche en enseignements, notamment sur la manière de lire les événements selon le rôle du narrateur, et sur les sources de Saint Pardoux, qui, pour le journal de Suffren comme pour le récit de la bataille de Gondelour, a largement eu recours à la presse. Ce journal revêt donc une place particulière au sein des écrits de Saint Pardoux, dans la mesure où il est le seul à avoir été fixé dans une version définitive. Il constitue de fait un véritable « pot-pourri » des centres d’intérêt de Saint Pardoux que l’on retrouve tout au long de sa vie sous sa plume : l’histoire, la musique, la cartographie, le dessin, etc.
Planches
Planches du manuscrit. — Ces planches sont les documents graphiques intégrés au journal définitif ; l’éditeur n’a pas retenu comme pertinente leur insertion dans le cours du texte et a choisi de les regrouper en fin d’édition. On compte cinq cartes topographiques (une gravée, quatre aquarellées) et six perspectives de bataille (aquarelles). Y ont été ajoutées les deux planches de la Grammaire indienne, dont l’édition était malaisée en raison de leur nature de pages d’entraînement, auxquelles on a ajouté le fac-similé d’une page à titre de témoin de la présentation de la grammaire dans le manuscrit.
Pièces justificatives
Manuscrits complémentaires au journal de voyage. — Ces textes correspondent à deux types de documents : d’une part les légendes descriptives de deux des planches du manuscrit édité et d’autre part un texte présent dans le manuscrit préparatoire du voyage aux Indes mais qui n’a pas été intégré à l’ouvrage définitif. Ce texte a certainement participé à la réflexion ayant abouti à ce journal, il a donc paru pertinent de le joindre.
Écrits personnels complémentaires. — Six documents ont été édités, de longueur inégale, qui ont tous apporté un éclairage particulier à l’étude biographique et à la démarche d’analyse des écrits personnels de Jacques de Saint Pardoux. Ces documents ont été édités par ordre chronologique.
En premier lieu, un manuscrit intitulé Proget, qui consiste en un survol par Saint Pardoux de la première partie de sa vie jusque vers 1784, année de la rédaction du document. Rédigé sous forme épistolaire, ce document apporte des éléments de réflexion sur l’inscription des écrits de Saint Pardoux dans les tendances littéraires de son temps, outre les éléments concernant l’autobiographie et l’écriture de soi que l’on a pu y puiser.
Deuxièmement, a été édité le carnet de comptes de Saint Pardoux sur la période 1783-1787, qui recouvre la fin de l’expédition aux Indes et les trois années suivantes. Ce document a apporté nombre de preuves et éléments de réflexion sur le quotidien de Saint Pardoux, en service ou en permission, à Paris ou en Languedoc, etc. Autant de lignes de comptes qui témoignent du quotidien dans son aspect le plus banal, qui a systématiquement échappé aux récits.
Ensuite se trouve la liste que Saint Pardoux dresse, probablement à la fin de l’année 1786, des ouvrages relatifs à l’artillerie qu’il possède ou non. Cette liste a permis d’établir un état des lieux de la documentation et de la réflexion au moment où Saint Pardoux est en poste à Saint-Étienne et mène donc des réflexions particulièrement actives dans ce domaine.
Puis vient le Vocabulaire hongrois, rédigé durant la captivité à Budapest, reproduit dans une optique de comparaison avec la Grammaire indienne qui accompagne le journal de voyage aux Indes.
À sa suite se trouve la note récapitulative des papiers relatifs à la captivité de Saint Pardoux entre 1793 et 1795. Ce document revêt une importance particulière dans l’optique du classement par Saint Pardoux de ses papiers personnels à partir de son retour en France. En outre, il a l’intérêt de garder la trace de documents qui ne sont pas parvenus jusqu’à nous ou de renseigner sur la date à laquelle certains documents ont été perdus car il mentionne certains éléments dont ne sont alors conservés que des duplicata ; ce point illustre des pertes de documents déjà relevées par Saint Pardoux et récompense a posteriori sa prudence qui l’a fait copier et authentifier certains d’entre eux.
Enfin est édité l’inventaire des tableaux et objets d’art du château de Pennautier, dressé par Saint Pardoux après son installation dans cette propriété, vraisemblablement autour de 1800. Ce document témoigne de l’attention de Saint Pardoux, jamais démentie, pour les beautés de l’art et livre des éléments intéressants sur la connaissance que la famille avait alors de ses collections, provenant principalement des achats des deux frères durant le dernier quart du XVIIIe siècle.
Illustrations et annexes complémentaires
Ces documents complémentaires regroupent des repères chronologiques de la vie de Jacques de Saint Pardoux, une chronologie de l’expédition aux Indes et une autre consacrée à la datation des différentes parties du manuscrit préparatoire.
Puis sont présentées une carte retraçant les étapes de la captivité de Saint Pardoux et une courte généalogie de la famille Beynaguet de Saint Pardoux. Les illustrations reproduisent un portrait de Jacques de Saint Pardoux ainsi que des documents issus du fonds encore conservé à Pennautier ou déposés aux archives (cartes, aquarelles, etc.).