Sommaire
- Sources
- Chapitre premier
- Girolamo Grimaldi : une carrière modèle et prédestinée ?
- Chapitre II
- La nonciature de France
- Chapitre III
- La défense des droits de l’Église et du clergé
- Chapitre IV
- Un royaume troublé ?
- Chapitre V
- La régence par le petit bout de la lorgnette
- Chapitre VI
- La paix de la chrétienté
- Chapitre VII
- La France en Italie
- Chapitre VIII
- Une fin de carrière prestigieuse
- Conclusion
- Remarques sur l’édition
- Pièces justificatives
- Annexes
Sources
La présente édition porte sur les lettres échangées entre Girolamo Grimaldi lors de sa nonciature en France et le surintendant de l’État ecclésiastique Francesco Barberini. Le travail de recherche s’est d’abord porté sur des copies de celles-ci sur microfilms conservés en France aux Archives nationales : il s’agit de reproductions du fonds de la nonciature de France aux Archives du Vatican (Francia 87, 90, 91 et 307). Les originaux conservés à la Bibliothèque apostolique Vaticane, à Rome, dans le fonds Barberini latini, sous les cotes 8224 à 8253, ont par la suite été étudiés ; ils constituent le fonds principal de cette édition. Les avvisi envoyés par Grimaldi à Barberini, dans le même fonds, sous les cotes 8214 à 8218, sont des compléments précieux aux lettres éditées car ils apportent des informations plus détaillées sur certains événements. Plusieurs registres conservés aux Archives du Vatican présentent également un intérêt particulier pour ces travaux, notamment les procès d’information réalisés par Grimaldi lors de sa nonciature en France (Archivio concistoriale, Processus consistoriales 40-46). La correspondance politique avec le Saint-Siège conservée aux archives du ministère des Affaires étrangères à La Courneuve pour les volumes 73 à 83 (années 1641 à 1644) permet de recueillir d’autres témoignages sur les événements de cette époque et de les confronter à la source principale. Il ne faut pas oublier l’apport des sources imprimées : les éditions d’autres nonciatures en France et en Europe aident à suivre le fil chronologique de cette institution ; les écrits et mémoires de cette époque permettent de saisir d’autres points de vue sur les affaires politiques, religieuses ou diplomatiques.
Chapitre premier
Girolamo Grimaldi : une carrière modèle et prédestinée ?
Né en 1597, Girolamo Grimaldi est issu d’une illustre famille génoise depuis toujours au service des intérêts de la République. Il se destine à la prélature après des études de droit et rejoint le service du Saint-Siège en 1621, protégé par la puissante famille Barberini dont est issu le pape d’alors, Urbain VIII. Il gravit promptement les échelons de l’administration pontificale et se voit confier des postes importants comme la vice-légation du Patrimoine de Saint-Pierre ou le gouvernement de Rome. Après ce début de carrière prometteur, il rejoint la diplomatie pontificale, nommé en 1632 nonce extraordinaire à Vienne avec pour mission d’œuvrer en faveur du rétablissement de la paix entre les puissances catholiques. Si cette mission échoue, les étapes accomplies, qui correspondent au cursus type d’un futur nonce (bureaucratie pontificale, puis administration provinciale, puis poste de moindre importance dans une nonciature), préparent Grimaldi à recevoir une charge prestigieuse et essentielle du dispositif diplomatique pontifical : la nonciature de France.
Chapitre II
La nonciature de France
La nomination de Grimaldi à la nonciature de France. — Le Génois est nommé nonce à Paris dans un contexte très particulier de tensions entre la France et le Saint- Siège qui ont failli mener à la rupture au temps de son prédécesseur Ranuccio Scotti. L’ambassadeur de France à Rome, le maréchal d’Estrées, multiplie les incidents à l’encontre de la papauté et Richelieu fait pression afin d’obtenir le cardinalat pour Mazarin. Grimaldi met donc tout en œuvre pour la reprise des négociations et le rétablissement des bonnes relations entre les deux États.
L’exercice de la nonciature. — Le nonce en France, au XVIIe siècle, est non seulement l’ambassadeur du pape auprès du roi mais aussi le délégué apostolique du souverain pontife auprès des fidèles – prélats et peuple de France. Il agit donc d’une part en tant que diplomate, d’autre part comme magistrat pontifical. Il est notamment chargé d’instruire les procès d’information pour les candidats aux bénéfices. Mais Grimaldi, face au Parlement et à l’Église de France qui essaient de restreindre son pouvoir et tendent à le considérer comme un ambassadeur quelconque, a, comme ses prédécesseurs, à cœur de défendre la place du nonce, figure particulière d’ambassadeur dans la France du XVIIe siècle.
Le cadre pratique. — La raison d’être de cette correspondance est la diplomatie : le nonce, chargé de représenter les intérêts du Saint-Siège en France, se doit de rapporter ses audiences et négociations avec les souverains et ministres et les affaires de France à son interlocuteur à Rome, Francesco Barberini. Leurs échanges sont fréquents mais aussi quelquefois dépendants des aléas du trajet ou du traitement de l’information. Grimaldi a une écriture neutre et sèche qui empêche de cerner sa personnalité mais qui témoigne de son souci d’objectivité et de véracité. Afin de collecter les renseignements et de diffuser les avis du Saint-Siège en France, il se constitue un réseau de relations. Le nonce dialogue essentiellement avec le secrétaire d’État aux Affaires étrangères Chavigny mais aussi avec des prélats, des docteurs de Sorbonne ainsi que quelques réguliers et prêtres séculiers. Il s’appuie aussi sur le réseau d’ambassades européennes, échangeant avec l’ambassadeur vénitien en France ou avec ses homologues dans les autres cours européennes. Tout cela laisse transparaître le souci du nonce de mener sa mission à bien en n’omettant rien de ce qui pourrait lui servir. Pour ce faire, il soigne le cadre de vie et l’apparence qui siéent à un représentant du Siège apostolique auprès d’une cour telle que celle de Louis XIII, s’assurant des revenus suffisants grâce à sa famille et aux pensions concédées par la papauté, en suivant la cour lors de ses déplacements, en entretenant un personnel auprès de lui ou encore en défendant sa place dans des querelles de préséance.
Chapitre III
La défense des droits de l’Église et du clergé
La défense des prérogatives temporelles. — À l’heure où Grimaldi reçoit sa charge en France, les droits de l’Église sont malmenés par une monarchie empreinte de gallicanisme qui cherche avant tout à obtenir son propre profit. Le nonce et le Saint-Siège contestent alors la contribution financière demandée par le pouvoir royal au clergé dans le cadre de l’assemblée de Mantes en 1641, les moyens employés par la monarchie pour y parvenir ainsi que la licéité d’une telle imposition. La nomination aux bénéfices, qui a toujours été un sujet de tensions, est aussi un enjeu de pouvoir majeur entre la France et le Siège apostolique. En 1641, le nonce est interdit par le Parlement de faire les procès d’information pour les impétrants alors que cela relève normalement de sa charge ; Grimaldi négocie de longs mois pour obtenir de nouveau le droit de fabriquer ces procès. De plus, les conquêtes effectuées par la France entraînent la remise en cause des droits de nomination établis par le concordat de Bologne : la question de sa zone d’application se pose alors pour l’évêché de Toul, la provision des bénéfices catalans et le renouvellement des indults pour la Bretagne et la Provence lors de la nonciature de Grimaldi. Grimaldi défend donc la position du Saint-Siège et plaide également en faveur d’un apaisement des relations à ce sujet.
La responsabilité spirituelle. — Le nonce a charge de veiller au respect de l’orthodoxie de la foi et de la pratique religieuse. À ce titre, il surveille les écrits et les doctrines, signalant au Saint-Siège les ouvrages et auteurs de controverses, qui ne manquent pas dans cette France gallicane. Le Saint-Siège et Grimaldi s’interrogent de fait, mais sans réelle efficacité pour le moment semble-t-il, sur le jansénisme et l’œuvre d’Antoine Arnauld De la fréquente communion. Le nonce se fait aussi le relais des requêtes des réguliers et tente d’avoir un impact sur la pratique chrétienne, comme le montre le rôle qu’il essaie de jouer dans l’affaire du second mariage du duc de Lorraine Charles IV, qui a répudié sa première épouse afin de se remarier, ou dans la diffusion de l’annonce d’un jubilé. Cela lui donne, malgré les résistances auxquelles il est confronté, une place primordiale dans le traitement des affaires religieuses dans le royaume de France.
Chapitre IV
Un royaume troublé ?
Des menaces intérieures ou la mise à mal de l’autorité monarchique. — Profitant de l’affaiblissement et de la santé vacillante de Richelieu et de Louis XIII, certains mécontents, frustrés de se voir confisquer le pouvoir par le cardinal ministre, fomentent des complots. S’y trouve souvent mêlé Monsieur, frère du roi, lié à la noblesse, comme en 1641 lorsque les princes conjurés de Sedan tentent de faire pénétrer l’Espagne dans le royaume ou lors de la conjuration de Cinq-Mars, grand écuyer du roi qui tente de discréditer Richelieu auprès du souverain pour se rapprocher du pouvoir. Grimaldi, au milieu de ces intrigues, se fait simple observateur et rapporteur des événements et de la maladie du roi et de son ministre. Mais il participe tout de même au salut du duc de Bouillon en l’encourageant à servir le Saint-Siège après avoir perdu sa principauté de Sedan à la suite de sa participation aux précédents complots.
La France en guerre. — La nonciature de Grimaldi intervient au cœur de la guerre de Trente Ans, dans laquelle la France s’est engagée militairement en 1635. Louis XIII et Richelieu mènent donc une politique belliqueuse contre la maison d’Autriche, qui leur demande de mener des campagnes dans le nord de la France en 1641, en Roussillon et Catalogne en 1642. Le nonce suit la cour dans ses déplacements pour être toujours au cœur de l’information. Si les complots sont la preuve d’une fragilité interne du pouvoir, la France est capable de s’imposer militairement sur divers fronts, notamment face à l’Espagne dont le régime est encore plus miné. Mais, bien qu’incapable d’exploiter ses succès militaires, le roi tient bon et garde la tête haute : la flamme du pouvoir ne s’éteint pas avec Richelieu.
Des opportunistes face à un royaume affaibli. — La reine mère Marie de Médicis et le duc de Lorraine tentent, chacun de leur côté, de tirer profit de ces faiblesses internes comme de la guerre aux frontières du royaume. La première demande des moyens financiers et plaide pour un retour en France qu’elle n’obtiendra jamais de son vivant à cause de l’intransigeance de son grand ennemi, le cardinal ministre Richelieu. Le second joue de la rivalité entre la France et la maison d’Autriche pour trouver des solutions à ses problèmes territoriaux et tenter de conserver l’indépendance de son duché au cœur de la tourmente. Mais son pari est risqué et le règlement du conflit, malgré le soutien de l’Empire, ne lui donnera pas raison.
Chapitre V
La régence par le petit bout de la lorgnette
La mort de Richelieu : des conséquences politiques. — Le roi, après avoir affiché la volonté de poursuivre la ligne politique de son défunt cardinal ministre, réalise qu’elle n’est pas si aisée à mener en pratique : les oppositions à celle-ci, la nécessité de jouer de l’opportunité de certaines situations ou les personnes avec lesquelles il doit compter l’obligent à revoir sa ligne d’action. Il ne doit en effet pas négliger son frère, Gaston d’Orléans, ainsi que sa femme, Anne d’Autriche, à l’approche de la mise en place d’une régence pour son fils, le futur Louis XIV.
Vers la régence annoncée ? — La régence telle que préparée par Louis XIII ne se passe pas tout à fait comme prévu, la reine faisant casser la déclaration de son défunt mari pour accroître son pouvoir et comptant sur Mazarin, dont la faveur n’a cessé de croître auprès des souverains les mois précédents, pour l’aider à gouverner la France.
Les Importants. — Ce qui frappe est la vision des choses qu’offre la correspondance de Grimaldi, se focalisant sur certaines affaires précises lors de ces longs mois de changements politiques. Une place importante y est donnée au complot du duc de Beaufort, qui a tenté d’assassiner Mazarin, car ce dernier cherche à en obtenir une condamnation par Rome. Mais, plus encore, la demande de cardinalat par la régente en faveur de son favori Potier de Blancmesnil, évêque de Beauvais, qui, bien que fortement appuyée par le nonce, échoue finalement, est un sujet majeur dans les lettres de Grimaldi en 1643.
Chapitre VI
La paix de la chrétienté
Réunir le congrès, un débat sans fin. — Grimaldi ne cesse de réclamer auprès des souverains et ministres français l’envoi des plénipotentiaires au congrès de paix destiné à mettre fin à la guerre de Trente Ans. Mais cela traîne toute la durée de sa nonciature car la France ajourne par manœuvre politique et diplomatique, d’autant plus que les négociations entre les pays européens pour l’octroi de passeports sont un moyen de temporiser pour l’ouverture du congrès. Cela n’empêche pas la France de conduire pendant ce temps des tractations avec le duc de Bavière, qui cherche son avantage entre la France et l’Empire afin de compter dans les négociations de Westphalie.
La place du Saint-Siège dans les négociations. — La logique de la papauté n’est pas celle des souverains temporels, qui considèrent avant tout leur avantage, et la guerre de Trente Ans, qui se déroule alors à l’échelle européenne, implique des jeux d’alliances complexes au sein desquels le Saint-Siège a bien du mal à se faire une place. Les enjeux politiques et diplomatiques sont désormais tels que le Saint-Siège est de plus en plus considéré comme un État comme un autre et non plus comme l’arbitre de la Chrétienté.
L’assistance aux catholiques persécutés. — Le nonce en France a charge de veiller aux intérêts des catholiques au Royaume-Uni et en Irlande. Cette mission est d’autant plus importante dans le contexte de la guerre civile qui oppose le roi Charles Iᵉʳ au parlement anglais et de la révolte des Irlandais, car les catholiques sont persécutés, en dépit de l’aide et des recommandations du nonce et du Saint-Siège. Les principautés épiscopales de Liège et de Cologne, dévastées par le passage des troupes françaises et suédoises, souhaitent être épargnées et ont recours au Saint-Siège et à Grimaldi pour les défendre auprès des dirigeants. Mais les instances de ces derniers pour protéger les catholiques semblent plutôt inefficaces.
Chapitre VII
La France en Italie
La France à Rome. — La nomination de Grimaldi en France avait été la conséquence du renvoi du nonce Scotti en échange de celui de l’ambassadeur à Rome d’Estrées qui intriguait contre la papauté. L’arrivée du successeur de ce dernier, le marquis de Fontenay-Mareuil, apporte finalement un faux espoir d’apaisement. En effet, le parti qu’il prend dans des affaires intriquées dans le jeu politique et diplomatique – comme l’affaire de l’élection de Michel Mazarin au généralat des dominicains ou l’admission de l’évêque de Lamego comme ambassadeur du Portugal – entraîne le retour des tensions entre la France et le Saint-Siège en 1642. Finalement, le conflit est réglé par l’envoi d’un nouvel ambassadeur, le marquis de Saint-Chamond, qui laisse présager de meilleures relations.
La guerre de Castro. — La correspondance entre Grimaldi et Barberini est en très grande partie occupée par le dossier concernant le conflit entre les Barberini et le duc de Parme à propos du duché de Castro, pour lequel Odoardo Farnèse est vassal du pape. Le duc a mis en gage Castro afin de financer ses entreprises guerrières mais ses principaux créanciers sont les Barberini, famille du pape Urbain VIII. Ceux-ci, voyant que le duc n’a pas les moyens de les rembourser, reconquièrent par les armes Castro en septembre 1641, entraînant l’Italie dans un long conflit. En effet, en dépit des essais de médiation de la France et des missions diplomatiques spéciales qu’elle a envoyées pour réconcilier les protagonistes – tentative pour peser dans le jeu diplomatique italien face à l’Espagne –, une ligue de princes italiens se constitue à l’été 1642 afin de contrer les velléités d’expansion des Barberini en Italie. Mais les négociations s’enlisent, chaque parti se crispant sur sa position ; la paix n’est finalement signée qu’au moment où Grimaldi est de retour en Italie en 1644 ; elle sera de courte durée.
Des conflits périphériques. — Des conflits périphériques et leur règlement sont évoqués dans les lettres de Grimaldi et Barberini, parmi lesquels le règlement de la succession de Savoie ou les ultimes revendications de la succession de Mantoue. On voit à chaque fois se dessiner la toile de fond de la vieille rivalité entre la France et l’Espagne car ces deux pays veulent contrôler l’Italie, aire majeure de l’Europe du XVIIe siècle, ou du moins y exercer leur influence pour asseoir leur propre puissance et réduire celle de l’autre.
Chapitre VIII
Une fin de carrière prestigieuse
De la pourpre cardinalice à la vice-protection de France. — Comme la plupart des nonces envoyés dans les grandes cours européennes, Grimaldi obtient son chapeau de cardinal avant son retour en Italie. Il demande à quitter la nonciature pour rejoindre l’Italie où ses affaires personnelles nécessitent sa présence, mais la nomination de son successeur prend du temps. Il reçoit la vice-protection de France en 1645, ayant ainsi pour mission de défendre les intérêts français en cour de Rome, ce qui lui convient parfaitement puisqu’il reste attaché à la cause des Barberini contre le nouveau pape Innocent X et conseille Mazarin dans les entreprises françaises en Italie.
L’archevêque d’Aix-en-Provence. — Grâce à la faveur dont il jouit auprès de Mazarin, l’ancien nonce est nommé archevêque d’Aix-en-Provence en 1648. Mais à la suite d’une querelle entre la France et le Saint-Siège concernant l’exercice de ce droit de nomination, il n’est confirmé par Rome qu’en 1655. Il se rend alors dans son nouvel archevêché où il fait d’emblée figure de prélat réformateur, œuvrant pendant trente années au redressement de son diocèse longtemps resté sans pasteur. Pour ce faire, il visite les paroisses, réunit le synode, fonde un séminaire, etc., tout en contrant les prétentions du parlement local, jaloux de ses droits. Il meurt le 4 novembre 1685, en la fête de saint Charles Borromée, modèle du prélat réformateur qu’il vénérait, à l’âge de quatre-vingt-huit ans, après une vie remplie et dévouée au service de l’Église.
Conclusion
On peut estimer qu’il s’agit là d’une nonciature d’importance car elle intervient à un moment clé, tant dans la conjoncture diplomatique et politique que dans les affaires religieuses. L’écriture de Grimaldi permet – tant bien que mal – de deviner des traits de son caractère, qui n’est pas aussi intransigeant que celui de son prédécesseur Scotti : il est plus arrangeant et meilleur négociateur. Mazarin renouvelle aussi la façon de négocier en y apportant davantage de souplesse et de compromis, voire de bienveillance. Le nouveau ministre, issu comme Grimaldi d’une formation romaine et curiale sous l’égide des Barberini, sait bien l’intérêt d’entretenir de bonnes relations avec le Saint-Siège. La correspondance du nonce révèle néanmoins qu’il a surtout un rôle de représentation du Siège apostolique et de relais des informations et donc aucune marge de manœuvre. De fait, toutes ces données sont à prendre en compte pour juger de la valeur des écrits de Grimaldi : si cela n’empêche pas les renseignements qu’il transmet d’être précieux pour le Saint-Siège, comme ils le sont aujourd’hui pour l’historien, on aurait pu souhaiter davantage d’analyse et de largeur de vue. Ce qui nous fait nous interroger sur sa réputée francophilie. Car on a beaucoup écrit sur son inclination pour la France, tant avant qu’après sa mission dans ce pays, mais, au cours de sa nonciature en France, il arrive à Grimaldi de tenter de défendre le point de vue français face au Saint-Siège dans certaines affaires. Cependant, il finit toujours par se rallier à l’avis de la papauté, témoignant ainsi d’un réel respect de la charge qui lui est confiée, mais surtout d’un refus de contredire ses protecteurs Barberini. Aussi les années qu’il a passées à la nonciature de France paraissent-elles être celles de sa vie où il a finalement été le moins francophile.
Remarques sur l’édition
Une étude codicologique des manuscrits et de leurs copies permet au lecteur d’imaginer la réalité concrète de cette correspondance et la façon dont elle est conservée aujourd’hui. On peut ainsi étudier la structuration de la pensée des correspondants et la façon dont ils gèrent le courrier et traitent l’information. L’établissement du texte de la correspondance de Girolamo Grimaldi avec Francesco Barberini se conforme aux règles d’édition mises en place pour les textes de l’époque moderne. Les orthographes approximatives ont été conservées par souci d’authenticité, avec quelques normalisations d’accents et de majuscules afin de faciliter la lecture et la compréhension. Les annotations marginales sont signalées en notes de bas de page, tout comme certaines modifications du texte (répétitions de mots notamment).
La présentation de l’édition est découpée selon les quatre années que traverse la nonciature de Grimaldi. Sur un corpus global de 1435 lettres, il a fallu opérer une sélection, faute de temps pour éditer cet ensemble important. Le choix d’édition s’est donc porté sur les périodes où les lacunes étaient les plus importantes et les plus gênantes, à savoir le premier semestre de l’année 1643 ainsi que le début et la fin de la nonciature. La présente édition comprend donc 1160 lettres, mais la numérotation utilisée tient compte des lettres absentes. Suit une table des abréviations.
Pièces justificatives
Rappel des faits et accords précédemment conclus à propos des moulins de Castagnaro. — Décision de la congrégation consistoriale sur les concessions faites aux ducs de Parme. — Réponse aux objections sur l’évêché de Toul. —Propositions du prince Thomas de Savoie dans le cadre des négociations avec sa sœur la duchesse de Savoie. — Lettre du duc de Bavière à Grimaldi, le 4 décembre 1641 de Munich. — Décision prise par la commission à l’encontre de l’archevêque de Bordeaux. — Minute de la lettre qui doit être écrite par le cardinal Antonio à propos des procès d’information. — Lettre des chanoines d’Urgel à Grimaldi. – Relation de la rixe entre Catalans et Castillans à Rome. — Lettre de Francesco Gabbrielli à Grimaldi, le 6 juin 1642 d’Avignon. — Informations concernant le comte d’Estissac. — Propositions du duc de Bavière d’une paix particulière entre la France et l’Empire. — Lettre du roi au Parlement, 7 août 1642. – Lettre de Candiotti à Grimaldi, le 2 septembre 1642 de Barcelone. — Copie de la lettre de Candiotti à Grimaldi, le 8 septembre 1642 de Barcelone. — Copie de la réponse du cardinal Antonio à l’ambassadeur de France Fontenay, 10 novembre 1642. — Réponse donnée le 20 novembre 1642 à l’ambassadeur de France, avec le chiffre du 26 novembre, faisant état de l’affaire de l’élection au généralat des Dominicains. — Décisions de la congrégation sur les nominations en Catalogne. — Le pouvoir de Louis XIII. — Mémoire concernant la réforme et l’élection de Cîteaux. — Avis de l’université dans la controverse qui l’oppose aux Jésuites. — Copie du traité de Hambourg. — La réunion des évêques. — Lettre de Charles d’Anglure, abbé de Bourlemont, à Grimaldi, 20 octobre 1643. — Conditions du duc de Bouillon pour accepter de servir le Saint-Siège.
Annexes
Page extraite du registre Francia 90 (fol. 45v) : lettres no 137 du 27 septembre 1641 et no 140 du 1ᵉʳ octobre 1641. — Lettre extraite du fonds Barberini latini 8234 (fol. 151) : lettre no 704 du 17 novembre 1642. — Lettre extraite du fonds Barberini latini 8252 (fol. 103v) : lettre no 948 du 6 mai 1643. — Procès d’information pour la nomination aux évêchés français. — Tableau de la correspondance entre Grimaldi et Barberini. — Index. — Table des figures.