
Habiller en latin présente la traduction vers le latin d’œuvres nées vernaculaires entre le xve et le xvie siècle, montrant, au cœur du passage du manuscrit à l’imprimé, la contiguïté entre la culture médiévale et celle des premiers temps modernes.
Présentation
Parmi les différentes formes empruntées par la traduction en tant que processus de transfert des idées et des savoirs constitués dès le Moyen Âge, la traduction vers le latin des œuvres nées vernaculaires apparaît aux XVe et XVIesiècles en pleine mutation. L'étude de cette véritable technique intellectuelle, souvent associée à la pratique du commentaire, doit tenir compte de facteurs multiples : l'essor d'une littérature originale dans les langues vernaculaires tardo-médiévales ; l’apparition du livre imprimé qui modifie considérablement la diffusion des œuvres ; les bouleversements économiques, politiques et religieux, la Réforme et la Contre-Réforme ayant utilisé de manière très différente le latin, langue de l’Église et langue des savoirs occidentaux.
Quand la traduction des textes latins vers les locuteurs nationaux est bien connue, que représente le phénomène qui fait passer du vernaculaire au latin ? Au Moyen Âge déjà, ce phénomène relève autant de la pure « translation » que de l’adaptation. À la Renaissance, l’étude de la traduction vers le latin se révèle d’une richesse inattendue : des modalités de la diffusion des savoirs, jusqu’alors méconnues, apparaissent et tous les champs de la connaissance sont touchés. Examiner ces traductions « en sens inverse » revient à renouveler la lecture que les historiens font de la culture des XVe et XVIe siècles, à restituer des évolutions progressives et, au-delà des prétendues ruptures souvent avancées par l’historiographie, à mettre en évidence des contiguïtés culturelles profondes entre la culture médiévale et celle des premiers temps modernes.