L'association Chroniques chartistes et les doctorants du Centre Jean-Mabillon de l'École des chartes et de l'école doctorale de l'EPHE organisent les journées d'étude interdisciplinaires intitulées « Tradition, transition, innovation. Comment les sciences humaines et sociales abordent le rapport entre continuité et rupture ». Ces journées s'adressent à tous les jeunes chercheurs.

Lundi 20 mai 2019 - Mardi 21 mai 2019

  • École des chartes, 65, rue de Richelieu, Paris 2e (salle Delisle)
  • 9h-18h

Toutes les disciplines des sciences humaines et sociales sont envisagées : l'histoire en premier lieu, mais également l'histoire de l'art, l'archéologie, l’histoire du droit, la philologie, les lettres et la sociologie. De même, toutes les époques et toutes les régions géographiques peuvent être abordées.

Argumentaire

Tradition, transition et innovation. Ces trois mots touchent à l'évolution même des sociétés humaines depuis leurs origines et dans tous les aspects que celles-ci ont développés : organisation sociale, politique et institutions, idées religieuses et philosophiques, économie, arts et cultures, sciences et techniques, littératures et langages. Ils sont donc directement et entièrement en prise avec l'histoire. Leur succession pourrait laisser croire qu'ils résument grossièrement les différentes phases temporelles traversées par ces sociétés : passé, présent, futur. Or, c'est bien leur sens problématique qu'il s'agit d'interroger. Ces termes posent en effet des questions de la transmission et de la valeur de l'héritage qu'un individu, qu'une génération, ou qu'un pays transmettent. Ils interrogent donc les modes de réappropriation et d'adaptation, les notions de changement, de continuité, de progrès et de rupture, les courants novateurs et précurseurs et les forces de résistance ou d'opposition à l'œuvre. Ce sont également les multiples variations, parallèles et superposées, du temps qui entrent dans ce jeu complexe, tel que Fernand Braudel l'a mis en valeur au moyen des concepts de longue durée et de temporalité étagée. Ces évolutions peuvent se dérouler sur des siècles entiers, rester sourds aux oreilles des contemporains, et n'être révélés que par le travail a posteriori de l'historien, ou se manifester autour d'une chronologie resserrée de quelques mois ou années et marquer profondément la postérité. Le chercheur en histoire est lui-même au carrefour de ces questions : fils de son temps, ses intérêts, ses méthodes et ses références auront quelque incidence sur son travail. C'est donc à une réflexion sur le sens que peut revêtir une querelle des Anciens et des Modernes que cette journée invite.

Par ailleurs, il n’y a rien de plus concerné par cette réflexion que la dimension littéraire et philologique des textes, parce que les auteurs ont toujours relevé le défi de la comparaison avec leurs modèles, ainsi qu’avec la postérité. On est constamment confrontés à une tradition, nani gigantum humeris insidentes comme le disait Bernard de Chartres au XIIe siècle : qu’on la transmette ou qu’on la refuse, il s’agit de la renouveler. Cela vaut par exemple pour l’héritage de la littérature classique. Sa reprise, avec d’autres modèles, tels que la Bible ou les Pères de l’Eglise, croise les enjeux historiques de toutes les époques. Chaque étape entraîne de nouvelles innovations, d’autant plus quand l’évolution touche le changement de langage, comme pour le latin et les langues vulgaires, qui s’entremêlent et s’hybrident à partir du Moyen Âge. Quelle que ce soit la nature de l’échange, le rapport entre le passé, le présent et le futur se joue entre deux dimensions : la transmission intellectuelle et la transmission matérielle. Les textes sont copiés, souvent remaniés, ils voyagent avec les érudits, assurant la circulation des idées et un lien constant avec les ancêtres. C’est ainsi que la tradition se constitue, se déroule au fil des siècles, se réinvente dans une chaîne qui arrive jusqu’à nous.

Il en est exactement de même pour les œuvres d'art, sous n'importe quelle forme et quel que soit le contexte de création : l'évolution des matériaux, des techniques, des méthodes d'enseignement, du goût des commanditaires et du public, la diffusion des modèles et la mobilité des artistes concourent, chacun, à définir les modalités de la réception des traditions, de déroulement des transitions et d'élaboration des innovations dans un nœud particulièrement complexe, mais stimulant à comprendre.

  • Programme des journées « Tradition, transition, innovation »

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  • Appel à communication pour les journées « Tradition, transition, innovation »

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