Musique et musiciennes à Venise

Célèbres pour avoir déçu Jean-Jacques Rousseau, qui les qualifia de « laiderons » tout en se délectant de leur chant, les musiciennes des ospedali méritent une place à part dans l’histoire culturelle et musicale de Venise. Au début du xvie siècle, les institutions charitables vénitiennes ne faisaient pas figure d’exception dans l’Europe de la Réforme catholique : toutes les grandes villes se dotaient alors d’hôpitaux, d’orphelinats et d’établissements destinés à secourir les enfants trouvés. Pourtant, seuls les ospedali de Venise ont vu se développer en leur sein de prestigieuses écoles de musique, qui ont formé des musiciennes suffisamment douées pour attirer, au xviiie siècle, les amateurs de toute l’Europe.

Quelles sont les raisons qui expliquent cette spécificité vénitienne ? Pourquoi avoir choisi de réserver l’apprentissage de la musique aux seules filles ? Qui étaient ces musiciennes ? Quels témoignages en ont donné les voyageurs qui traversaient l’Europe pour venir les entendre ? Ce sont quelques-unes des questions que soulève l’étude de ces institutions exceptionnelles, qui peuvent être appréhendées à travers des sources multiples. En effet, si les partitions jouées par les putte ont, aux dire de Francesco Caffi, servi à emballer de la charcuterie à la chute de la République Sérenissime, les archives administratives des ospedali ont été conservées. Par ailleurs, la renommée de ces établissements était telle au xviiie siècle qu’ils sont mentionnés dans de nombreux récits de voyage en Italie. En croisant ces différentes sources, il est possible de retracer l’histoire de ces institutions uniques et d’explorer les sources d’un modèle vénitien voué à un brillant avenir, puisque les actuels conservatoires en sont les héritiers directs.

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