Comment interroger le politique, la société sans questionner la police c’est-à-dire l’administration et les hommes chargés de surveiller et protéger les uns et les autres ? Par leurs missions, les policiers accumulent des archives qui sont le miroir de la société. Mais où les chercher, qu’y trouve-t-on, comment les utiliser ?

Mercredi 13 novembre 2024 - Vendredi 15 novembre 2024

  • École nationale des chartes, 65 rue de Richelieu, Paris 2e
  • 9h30-17h
  • Date limite des inscriptions Vendredi 25 octobre 2024

Présentation

En six demi-journées, cette formation visera à donner une idée suffisamment précise de l’histoire – de l’Ancien Régime à la IVe république – des avatars, des réformes, de l’évolution d’une administration qui, en dépit de la réputation centralisatrice de la France, ne fut jamais une. En évoquant les différentes polices qui ont toujours existé — de façon souvent concurrente et conflictuelle – en présentant leurs différentes missions, les méthodes mises en œuvre, les soupçons qu’elles ont suscités et leurs traces archivistiques innombrables, on essaiera de donner une image réaliste de services et d’archives qui suscitent autant de fantasmes que d’incompréhension, d’illusions et de malentendus. À partir de documents multiples et de natures variées – des textes réglementaires ou normatifs aux procès-verbaux d’interrogatoires, des comptes-rendus de surveillances ou de filatures, des projets de réformes aux méandres d’une enquête judiciaire et aux progrès décisifs des techniques d’analyse et d’identification – on lira l’évolution d’une société confrontée aux problèmes récurrents de l’insécurité, de l’ordre, du crime et des criminels.

Le but de cette formation est de permettre au public — archivistes, historiens, chercheurs — de ne pas se perdre dans le labyrinthe des archives policières tout autant que de comprendre leurs limites et les erreurs d’interprétation qu’elles peuvent générer.

Public

Personnel travaillant en archives, historiens et chercheurs.

Programme

13 novembre 2024

Une police / des polices ? Un singulier pluriel

De la création de la Lieutenance de police à nos jours, on étudiera l’histoire et l’évolution des institutions policières aux statuts bien différents (législation, etc.) une histoire, un tableau qui permettent de mieux comprendre la localisation, la nature, le contenu des archives

On essaiera de répondre aux questions suivantes :

Chercher où ? Localiser les dépôts, les séries en fonction des divisions et réformes administratives. Comprendre cette localisation à partir de l’organisation policière et ses réformes, des aléas de l’histoire et les confusions à éviter : par exemple sur le sens de l’appellation « police municipale » qui peut désigner une mission et/ou un statut administratif.

Chercher quoi ? Que peut-on trouver ? Que ne peut-on pas trouver dans ces archives ? Présentation des grandes séries, des différents dépôts d’archives policières, judiciaires : AN, SHD, AD mais aussi Archives municipales (Maires, CM, …) et centres d’archives spécialisés : DAVCC de Caen, le DC des AJM de Le Blanc, etc. 

« Il connaîtra de la sûreté de la ville » c’est ainsi que l’édit de Colbert créant la Lieutenance de police définit la mission de son titulaire. Le xixe siècle verra ainsi naître des services spécialisés dans les innombrables domaines d’intervention de la police.

Les quatre autres demi-journées permettront d’aborder pour chacune d’entre elles, à partir de dossiers authentiques pris sous l’Ancien Régime et les xixe-xxe siècles, un thème particulier, un type de mission, un service, une pratique… regroupés selon la thématique suivante :

14 novembre 2024

Surveiller et contrôler : les esprits, la librairie, les marchés, l’approvisionnement, l’éclairage public, les protestants, les étrangers, les frontières, les migrants, les nomades, les « classes dangereuses », les grèves et mouvements sociaux, les factions puis les partis politiques, notamment les partis extrémistes et tout ce qui peut menacer le pouvoir en place. C’est la IIIe république qui est à l’origine du concept de « renseignement général », mais que font les « RG » et leur ancêtre la « police spéciale » ? Comment le terrorisme anarchiste, russe… est aux origines de missions et de services comme la surveillance du territoire, le Contre-espionnage ?

Enquêter. La police est le bras de la justice elle a en charge la recherche, l’arrestation des auteurs de crimes et délits et l’administration de la preuve de leur culpabilité. Les affaires criminelles sont le domaine de la Police judiciaire ou criminelle. Les procès-verbaux d’enquêtes, d’interrogatoires, les investigations constituent une part essentielle des archives de PJ, mais comment « lire » un interrogatoire, déceler les biais, les travers d’une enquête ? À partir de quelques exemples on plongera dans ce monde souterrain et fascinant que romans, mémoires de policiers, presse et media ont popularisés. On aura garde d’oublier des sources complémentaires trop souvent oubliées : affaires classées sans suite, archives conservées par les cabinets des préfets, rapports des procureurs, archives des tribunaux et cours de justice, etc.

15 novembre 2024

Identifier : on abordera le problème récurrent depuis l’Ancien Régime de l’identité et de l’identification. Des rôles d’équipage, aux fichiers, de la flétrissure des galériens, à la police technique et scientifique, les méthodes ont évolué avec les découvertes et progrès permis par l’anthropométrie, la dactyloscopie, l’ADN : des techniques qui comportent toutes leur part d’illusion.

Réprimer est une des missions de la police d’ordre ou de la sécurité publique. On évoquera les formes et domaines de la répression politique, religieuse, sociale, politique et raciale de Louis XIV à Pétain, mais aussi la question récurrente depuis le xviie siècle du maintien de l’ordre, de la gestion des foules et des « émotions populaires » à l’émeute, l’évolution des moyens, des acteurs, des outils.

Intervenants

Jean-Marc Berlière, historien, professeur émérite de l’université de Bourgogne et chargé du cours d’histoire à l’École nationale supérieure de la police. Spécialiste depuis le début des années 1980 des polices et policiers auxquels il a consacré de nombreux ouvrages.

Justine Berlière, archiviste paléographe, conservateur en chef du patrimoine, directrice des Archives départementales de la Corrèze, spécialiste de la police parisienne du xviiie siècle.

Tarifs

Si vous êtes étudiant ou doctorant, veuillez nous contacter à l'adresse : formation.continue @ chartes.psl.eu

Si votre institution ou organisme de rattachement relève du secteur public, le tarif appliqué aux droits d'inscription sera indiqué comme « public » (690 €). Pour le personnel relevant du ministère de la Culture ou des collectivités territoriales, un demi-tarif (345 €) est prévu grâce au partenariat signé entre l'École nationale des chartes et le Ministère de la Culture : veuillez remplir le formulaire d'inscription et nous l'envoyer par courriel.

Si, en revanche, votre institution ou organisme de rattachement relève du secteur privé, le tarif appliqué aux droits d'inscription sera indiqué comme « privé » (1380 €).

  • Formulaire d'inscription en formation continue (ministère de la Culture et collectivités territoriales)

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Contact

École nationale des chartes
Service de la formation continue
65, rue de Richelieu - 75002 Paris
T. +33 (0)1 55 42 21 53
formation.continue @ chartes.psl.eu

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