Sarah Kenderdine, professeure invitée du programme gradué Arts – PSL
La professeure Sarah Kenderdine est une chercheuse et artiste reconnue internationalement pour son expertise dans le domaine des expériences interactives et immersives pour les bibliothèques, les archives et les musées.
Professeure à l’École polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL), elle dirige le Laboratoire de muséologie expérimentale (eM+) et a été directrice du Pavillon de l'EPFL de 2017 à 2024, dont elle est aujourd'hui commissaire générale. Elle a créé plus de 110 expositions et installations majeures dans le monde entier, ainsi que plusieurs musées permanents.
Professeure invitée du programme gradué Arts – PSL en septembre-octobre 2025, elle proposera quatre conférences sur la thématique de la muséologie numérique et l’intelligence artificielle générative. Toutes ces conférences seront délivrées en anglais.

Portrait de Sarah Kenderdine
Computational Museology in the Age of Experience
Lundi 29 septembre 2025, de 18h à 20h
Lieu : École nationale des chartes - PSL, 65 rue de Richelieu, 75002 Paris (salle Delisle)
La muséologie computationnelle est un dispositif qui unit l'intelligence artificielle à la gestion des données, les ontologies à la visualisation, et les communautés de publics au monde de la connaissance par le biais de la participation incarnée. Cette conférence se concentre sur une série d'œuvres du Laboratoire de muséologie expérimentale (eM+) qui créent, davantage que des objets numériques, de nouveaux types d'expériences qui combinent les savoir-faire muséaux et les technologies émergentes. Reprenant les temps forts d'une série d'expositions internationales et d'installations innovantes, la conférence explore des thèmes tels que les jumeaux numériques, les cartes multidimensionnelles, les systèmes performatifs et le rôle de l’IA générative. Le cœur de la muséologie computationnelle consiste à connecter toutes les formes de culture et de matérialité : objets, systèmes de connaissances, représentation et participation. Cette conférence s'adresse à toutes celles et ceux qui s'intéressent à l'évolution des musées aujourd'hui, des étudiant(e)s et artistes aux professionnel(le)s des musées et au grand public.
Deep Mapping
Mercredi 8 octobre 2025, de 17h à 19h
Lieu : ENS, 45 rue d’Ulm (salle Histoire, escalier D)
Le deep mapping réinvente l’usage des cartes pour créer des systèmes immersifs et interactifs, en mêlant réflexion critique sur la cartographie et visualisation de données à grande échelle. En effet, les cartes ne sont pas des contenants neutres d'information, mais des artefacts culturels façonnés par le pouvoir, les points de vue et les modes narratifs. Le “deep mapping” propose une critique de la cartographie comme système de représentation, combinée avec un mode d'exploration génératif : il s'agit d'exposer les affirmations, les omissions et les relations de pouvoir ancrées dans les archives, tout en favorisant les interactions interprétatives, affectives et participatives. La série d'expositions « Atlas du bouddhisme maritime » sera utilisée pour illustrer ces possibilités : elle présente un intérêt tout particulier s’agissant d’observer les transformations socio-économiques et politiques du monde contemporain.
Le deep mapping permet également de restituer d'importants corpus d'archives sous forme de récits spatiaux mis en scène au sein d'interfaces immersives. Contrairement aux cartes conventionnelles qui aplatissent l'espace en deux dimensions, le deep mapping intègre des données hétérogènes – textuelles, visuelles, sonores et matérielles – dans des cartographies multidimensionnelles que l’on peut naviguer et explorer sous la forme d’une expérience sensorielle. Dans les environnements immersifs, les données d'archives sont transformées en terrains navigables où les utilisateurs peuvent changer d’échelle, tracer des connexions entre plusieurs temporalités et interagir émotionnellement avec le patrimoine. Le projet Narratives from the Long Tail illustre parfaitement cette cartographie profonde. Nous y développons des cadres de visualisation interactifs pour plus de 200 000 heures de vidéos d'archives issues de quatre grandes collections européennes, dont les archives du Comité international olympique, la RTS (Radio-télévision suisse), l'Eye Filmmuseum aux Pays-Bas et les archives du Montreux Jazz Festival. Grâce à l'apprentissage automatique et à la vision par ordinateur, nous générons une « cohérence narrative » entre ces immenses ensembles de données. Un moteur de visualisation narrative 3D à 360 degrés place le public au cœur de la production de connaissances, transformant l'exploration archivistique en une pratique immersive, interactive et innovante.
Future Proof
Jeudi 9 octobre 2025, de 18h à 20h
Lieu : École des Arts décoratifs, 31, rue d’Ulm (amphi Bachelier)
Generative artificial intelligence (AI) is rapidly emerging as a powerful engine for cultural imagination, capable of transforming how societies envision futures and how museums mediate knowledge. In the domain of speculative futures, generative AI extends anticipatory practices by synthesizing scientific data, social scenarios, and aesthetic forms into tangible narratives that invite collective reflection on what might lie ahead. Within museums, these capabilities offer unprecedented tools for curatorial experimentation, producing immersive simulations, narrative prototypes, and interactive environments that challenge conventional notions of authenticity, authorship, and temporality. By situating visitors as co-creators in algorithmically mediated worlds, generative AI reframes the museum as a site of foresight and debate, where cultural heritage and emergent science converge. This presentation explores the dual role of generative AI as both a speculative instrument—projecting possible, probable, and desirable futures—and as a museological catalyst that redefines exhibition-making, audience engagement, and institutional responsibilities in an age of accelerated technological change.
One example to tangibly focus the discussion is the Geneva Public Portal to Anticipation, an initiative to engage global publics with emerging science, based on the Geneva Science and Diplomacy Anticipator, Science Breakthrough Radar® compiled by 2100 leading scientists globally. The Portal is an evolving dialogue that reframes speculative futures through cutting-edge science. Uniquely, it invites citizens to actively explore these complex scientific ideas—by imagining and shaping alternative social, cultural, or technological scenarios. This science diplomacy project is currently a major installation currently running at the World Expo 2025, Osaka.
Other examples include a series of demonstrators for multiuser collaboration using generative tools such as the Collaborative Canvas and ENGINE: Embodied Generative Interaction Environment, both drawing on the largest digital image in the world, The Texapixel Panorama, a 19th century painted panorama “Panorama of the Battle of Murten” (1893/4).

Geneva Public Portal to Anticipation, World Expo Osaka 2025. Image © EPFL Laboratory for Experimental Museology.
Deep fakes: a critical lexicon of digital museology
Vendredi 10 octobre 2025, de 17h à 19h
Lieu : École nationale des chartes - PSL, 65 rue de Richelieu, 75002 Paris (salle Delisle)
This talk explores how today’s technologies such as artificial intelligence, computer vision, and immersive media, are radically transforming the way we see, understand, and preserve cultural artefacts. Replicas here are not just copies; they are provocations that compel us to rethink notions of reality, authenticity, and originality.
Through examples ranging from sacred objects and ancient sculptures to digital surrogates of cultural icons, I examine how computational processes reveal what might be called the “optical unconscious” of art—patterns and details invisible to the human eye but made legible through algorithms and interaction. These technologies invite us into new forms of sensory and performative engagement, challenging traditional boundaries between object and observer.
I call these emergent forms Cultural Deep Fakes—not to cast doubt on their legitimacy, but to foreground their complexity. They are not forgeries but technologically empowered artefacts that disclose hidden layers, propose new narratives, and stir unforeseen emotional responses. At stake are not only questions of mimesis and memory, but also the politics of replication: in contexts where heritage is threatened by war, climate disaster, or cultural erasure, digital copies can act as resilient reservoirs of memory and as instruments for reclaiming identity.
Yet these same technologies also inhabit a volatile digital economy where preservation, profit, and control blur. Cryptographic systems and speculative ownership models introduce new tensions around value, access, and the commons. At this threshold, the deep fake becomes more than deception—it emerges as a conceptual lens to rethink truth, cultural authority, and the futures of heritage.
This lecture draws on the new book: Deep Fakes: A Critical Lexicon for Digital Museology, co-authored with Lily Hibberd and published by Routledge in 2025 and two exhibitions: Deep Fakes: Art and Its Double at EPFL Pavilions, Lausanne, Switzerland (16 September 2021 – 06 February 2022) and Museum of the Future: 17 Digital Experiments at Museum for Gestaltung, Zurich, Switzerland (29 August 2025 – 1 February 2026).

Couverture du livre Deep Fakes: A Critical Lexicon for Digital Museology, from the poster for the exhibition Deep Fakes: Art and Its Double (2021) à paraître en décembre 2025