• Magazine title: Revue historique (2)
  • Pages: 287-323

Summary

La mutation féodale (feudal revolution en anglais) et l’émergence des Communes urbaines d’Italie sont deux phénomènes majeurs du Moyen Âge central que les historiens étudient depuis au moins aussi longtemps que leur science est devenue l’affaire de professionnels. Cependant, pour centraux qu’ils soient, ils ne firent guère l’objet d’une étude conjointe ou d’un rapprochement conceptuel, malgré leur proximité temporelle et spatiale – le premier est rattaché communément à l’espace français autour de l’an mil, le second à l’Italie centro-septentrionale du xii e siècle. C’est le propos de cet article que de montrer que ces deux phénomènes relèvent d’une logique commune : l’effondrement des structures suprarégionales du pouvoir qui formaient l’identité de la société carolingienne et leur remplacement par de nouvelles, plus locales, nées de la formalisation et de la légitimation de pratiques que rejetaient jusque-là dans l’illégalité et l’extraordinaire les structures antérieures. L’article s’appuie sur l’abondante historiographie de la révolution féodale et sur une série d’études de cas italiens, qui forment le centre du propos. En découle la formulation d’une interprétation nouvelle de l’émergence des Communes qui entend dépasser les deux modèles dominants (celui d’une origine privée de l’expérience communale et son double qui suppose une captation directe de la puissance publique par les nouvelles institutions urbaines), en articulant les différentes expériences italiennes avec une dialectique entre structures formelles et informelles. Ce qui permet, en conclusion, d’étendre l’analyse à l’ensemble de la société médiévale des x e-xii e siècles pour restituer la logique de l’évolution des structures de pouvoir en lien avec les transformations sociales et d’ouvrir un dialogue avec la sociologie bourdieusienne.

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