• Congrès : Séminaire "TIGRE" 2024 "Mythes et illustration" (2024-03-15)
  • Directeur(s) : Evanghelia Stead (Professeure, Littérature comparée, traduction littéraire, culture de l'imprimé, UVSQ)

Résumé

Le « retour à l’antiquité » et à ses mythes pendant l’entre-deux-guerres n’a pas fait jusqu’ici l’objet d’une étude d’ensemble dans le domaine de l’illustration. Ce même « retour », ensuite, n’est le plus souvent abordé en art qu’en tant qu’une composante d’un « retour à l’ordre » qui se serait produit à cette période. Nous nous proposons ici d'identifier, sans a priori, l'étendue et les caractéristiques de ce phénomène en France dans l'illustration au sens large, livres illustrés et revues d'art, en utilisant une approche basée sur la théorie des champs du sociologue Pierre Bourdieu. Nous montrons tout d'abord que, plutôt que d’un « retour à l’antique », il vaudrait mieux parler, du moins dans le cas de l'illustration, de « recours à l’antiquité », recours au pluriel d’ailleurs compte tenu de leur diversité. Nous présentons ensuite brièvement le champ de l'illustration et sa structure puis nous rendons compte des résultats d'une étude portant sur la répartition, au sein de cet espace, de l'ampleur et des différentes formes de ces « recours à l’antiquité » en répondant, zone par zone, aux questions suivantes : qui a recours à l'antiquité et à ses mythes pendant l'entre-deux-guerres ? De quelle antiquité s'agit-il (grecque ou latine, apollinienne ou dionysiaque, virgilienne ou ovidienne etc.) ? Et quelles sont les motivations de ces appels (exalter une cause, éclairer la période, se ressourcer dans un passé mythique etc.) ? Cette analyse, axée dans un premier temps sur les livres illustrés (Les Métamorphoses d'Ovide illustrées par Pablo Picasso, par exemple), est étendue au cas des revues d'art, de L'Esprit nouveau à Minotaure. Le champ de l’illustration apparaît alors comme une véritable mosaïque en termes de formes prises par ces recours aux mythes antiques, une mosaïque dont nous montrons la cohérence dans le cadre de l’approche choisie. Ces formes se répartissent dans la structure en concordance avec les valeurs esthétiques et sociétales qui la sous-tendent. Leur distribution apparaît ensuite comme le reflet de l’histoire, récente ou plus lointaine, du champ, corroborant ainsi la « loi du changement » établie et observée pour tous les champs culturels. Cette analyse est finalement étendue à l’ensemble des mythes, à la fois antiques, chrétiens et modernes, ce qui permet de proposer l’esquisse d’une cartographie générale des recours aux mythes dans l’illustration de la période. Nous revenons brièvement en conclusion sur le « retour à l’antique » pendant l’entre-deux-guerres et sur les raisons du succès critique de cette notion.

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